Boujloud (l'homme aux peaux)
- Théâtre
- Danse
- Création 2021/2022
- Production déléguée
Kenza Berrada
texte, mise en scène, interprétation : Kenza Berrada
création sonore : Kinda Hassan
création vidéo : Maud Neve
création lumière : Georgia Ben Brahim
aide à la chorégraphie : Elsa Wolliaston, Annabelle Chambon, Cédric Charron
regard extérieur : Raphaël Chevènement
production : KUMQUAT | performing arts (Laurence Larcher & Gerco de Vroeg)
coproduction : Institut Français du Maroc, Rabat / Goethe Institut, Rabat-Marrakech, Maroc /GMEM, Centre national de création musicale, Marseille (FR) / OXFAM Maroc / Le Cube, Art Center, Rabat (Maroc) / MACAAL, Musée d’art contemporain africain Al Maaden, Marrakech (Maroc)
soutiens : Institut Français, Paris (FR) / Arab Fund for Arts and Culture (AFAC)
En 2024
Dans le cadre d’Afrovibes Festival, les 2 & 3 octobre au Théâtre Frascati, Amsterdam | BILLETTERIE
Du 25 au 30 novembre au Théâtre Bastille, Paris | BILLETTERIE
En 2023
5 décembre 2023 : École National du Cirque Shems’y, Salé
7 décembre 2023 : Centre Culturel Les Étoiles, Fès
9 décembre 2023 : Lycée Descartes, Rabat
12 décembre 2023 : Salle Leila Alaoui de l’Institut Français, Marrakech
14 → 16 juin 2023 : Latitudes contemporaines, Maison Folie de Wazemmes, Lille
19 janvier 2023 : Point Éphémère, Paris
En 2022
29 octobre 2022 : Jassad, Festival international des femmes metteuses en scène, Marrakech
En 2021
11 & 12 octobre 2021 : Les Rencontres à l’échelle, Friche La Belle de Mai, Marseille
Présentation
Je faisais une enquête sur le consentement au Maroc, parmi les femmes de ma génération, des amies comme des inconnues. Je leur demandais ce que le consentement signifiait pour elles, ces femmes de la trentaine dont les grands-mères ont presque toutes été mariées à l’âge de 14 ans. La rencontre avec Houria a bouleversé mon idée de départ. Son récit est devenu le coeur de mon projet et c’est en partant de ses mots que s’est écrit Boujloud comme une succession de paroles brutes : la victime, l’agresseur, les témoins, ceux qui ont su et ceux qui n’ont pas voulu savoir, ceux qui parlent et ceux qui n’y parviennent pas, enfin ceux qui savent parce qu’eux aussi, ont connu l’abus sexuel. Au terme de ce périple, un rite ancestral marocain s’imposera : celui de Boujloud, homme-animal. En fil conducteur, des questions sans réponse : comment se fait-on entendre? Y a t-il un “bon moment” pour dire et pour être écouté ?
Boujloud - “Homme aux peaux” en darija - est un personnage mi homme mi bête. Au Maroc, il donne son nom à la fête célébrée au lendemain de l’Aid el Kebir (le sacrifice du mouton) dans les régions du Rif et de l’Atlas. Ce jour-là, il est incarné par de jeunes hommes qui se couvrent entièrement de peaux de moutons fraîchement sacrifiés. Il est à la tête d’une procession masquée, de personnages carnavalesques et obscènes. Les préparatifs de la mascarade se font dans une pièce collée à la mosquée du village : la femme est interprétée par un homme deux courges pour les seins, l’esclave est enduit de cendre, le juge porte un morceau de liège représentant le livre sacré, le juif porte un masque avec un grand nez et deux queues de vache, le vieillard a des aubergines comme attributs sexuels. Les hommes mariés doivent impérativement être absents du village, pendant que les femmes affrontent et négocient avec les forces obscures et surnaturelles qu’il incarne. Il donne fertilité, guérison et baraka. Un anthropologue associe Boujloud à un ancien mythe : Dieu a métamorphosé un homme en animal, pour le punir d’avoir abusé de femmes dans un lieu sacré. C’est une mascarade à travers laquelle la culture profonde du pays donne une représentation d’elle-même et met en scène ses propres tensions. De funestes signes viennent indiquer en lui un chamboulement de l’ancien équilibre entre forces masculines et féminines. Il brille comme Dieu de la panique et Maître de la peur.
Boujloud est un monstre, à la fois craint et adoré.
Boujloud est une mascarade.
Qui met en scène l’abus.