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Célébration

  • Performance

Le 20.11.2021 à 11hFriche la Belle de Mai, Marseille

Frédéric Nauczyciel

En Pratique

  • Friche la Belle de Mai, Marseille

Ateliers sur inscription à partir de 11h / Salon ouvert au public 19h

Celebration est un programme imaginé par Frédéric Nauczyciel, dans le cadre d’une résidence à l’Ecole des beaux-arts de Marseille.

Distribution
Célébration - Frédéric Nauczyciel,
Adriano Razafindrazaka, Vinii Revlon,
Dale Blackheart, Melvin Lornois, Lisa Revlon.

Visuel Liniya Lanvin.
Musique WyanzaTHEProducer & Lisalo

Résidence de l’Ecole des Beaux-Arts de Marseille
Production House of HMU,
Les Rencontres à l’Echelle B/P,
En partenariat avec l’Ecole des Beaux-Arts de Marseille.

Participant.e.s
Anne Crémieux
Zoe Charlton
Nacira Guenif Souilamas
Christophe Haleb
Alexandre Paulikevitch
Anne crémieux
Régine Chopinot
Bekaye Diaby
Vincent Kreyder
Tim Doud
Régine Nauczyciel
Dale Blackheart
Diva Ivy Balenciaga
Vinii Revlon
Melvin Lornois
Maelle Chabril
Perlla Rannielly
Lisa Revlon
Christine Mahdessian
Nadia Slimani
Adriano Razafindrazaka
Frédéric Nauczyciel

Présentation

Fruit d’une résidence à l’École d’Art de Marseille, le programme Le corps comme célébration est conçu par Frédéric Nauczyciel comme un salon qui s’articule autour de la réflexion, de la recherche et des pratiques reliées au corps dans une approche utopique, post-genre et post-race. L’idée est de croiser les formats de transmission (pratiques, discussions, célébrations), les expériences des artistes et pédagogues invité·es, et les échanges avec les publics afin de « faire école » ensemble. Des manières autres ou expérimentales de penser, faire et enseigner l’art, en réciprocité.

Inscription en ligne : https://bit.ly/3GMrSBu
Interprétariat LSF annulé !
Programme :

  • 11h - 12h30 Grand Plateau
    Sara Lindon
    Pratique du corps allongé, ouverte à tous.tes
    Tout Public - Sans limitation de personnes.
    Pratique somatique du corps et relaxation.

  • 12h - 14h Petit Plateau
    Voguing
    Vinii Revlon & Dale Blackheart
    Initiation aux éléments de la culture Ballroom.
    Public LGBTQI+ friendly - Pas de limite de personne -
    Pratique et initiation au Voguing et à quelques catégories de la culture Ballroom.

  • 12h30 - 14h Grand Plateau
    Transe
    Adriano RAZAFINDRAZAKA
    Titre : X’statiK
    Tout public - Jauge limité à 50 personnes -
    Connexion et sensibilité, se détacher de son individualité et s’unir ensemble à travers le mouvement et la liberté du geste afin de créer une transe.

  • 14h - 15h Petit Plateau
    MINI CELEBRATION
    Tout public - Sans de limite de personne -
    Mise en pratique Transe / ballroom, orchestré par Vinii Revlon.

  • 15h - 17h Petit Plateau
    Danse
    Régine Chopinot, Bekaye DIABY, Vincent KREYDER
    In situ
    Tout public - Pas de limite de personne -
    Pratique de danses tout terrain.

  • 15h - 16h30 Grand Plateau
    Film Melvin Lornois
    Rollback in time.
    Tout public - Sans limitation de personnes.
    Projection de films et vidéos, avec un partage d’expérience de l’artiste sur comment il a grandi avec le film.

  • 16h30 - 17h30 Grand Plateau
    Atelier de recherche chorégraphique et performative.
    Viande noir.
    Tout public - Sans limitations de personnes
    Acte performatif, Animation, chorégraphie brésilienne.

  • 17h - 19h Petit Plateau
    Danse Baladi Alexandre Paulikevitch
    From your belly to your heart.
    Tout public - Pas de limite de personne -
    Corps sensible, Le bassin au centre de mouvements lourds et fluides.
    Sensualité, puissance et émotions.

18h - 19h Grand Plateau
Récit
Régine et Frédéric Nauczyciel
Saint Cyrq la Popie, récit.
Tout public - Jauge limité à 20 personnes.
Régine entre en clandestinité à sa naissance en 1940, jusqu’en 1944/45.
Récit des vides ainsi laissés.

19h - 22h Grand Plateau
SALON PARTICIPATIF
Tout public - Sans limite de personne
Anglais / Français / - Filmé et Enregistré.
Distribution libre de la parole, modérée avec Lisa Revlon (Baltimore), questions, discussions, conversations. Avec les participant.es des ateliers, les artistes, des invité.es de Marseille, Paris, Baltimore (en visio) et le public.
Salon enregistré et retransmis en visio. En Français et Anglais.

22h - 23h Grand Plateau
Célébration
Tout public - Sans limite de personne -
Mise en pratique festive, orchestrée par le légendaire Vinii Revlon.

Entretien avec Frédéric Nauczyciel

Pourriez-vous revenir sur la genèse du projet et son essence : le corps comme célébration ?
Le programme Célébration est né d’une réflexion que j’ai menée durant trois ans à la Cité internationale des arts à Paris, sur des « endroits de confiance en art » : des espaces de « désassignation », collectifs et « confrontationnels », où la singularité de chacun.e est célébrée. Aux Rencontres à l’échelle, Célébration s’inscrit dans le cadre d’une résidence à l’École d’Art de Marseille. Célébration est une réflexion, une recherche et des pratiques envisageant le corps comme célébration dans une perspective utopique post genre et post race. La célébration sous-entend un rituel ou plutôt un ensemble de protocoles, à même de faire communauté, même de façon éphémère, et offre une possibilité pour chacun.e d’exister dans l’espace collectif de l’école : publics, artistes, équipes administrative et pédagogique de l’école.

Qu’est-ce que ça signifie concrètement imaginer des espaces de « désassignation », « confrontationnels », collectifs dans une approche post genre et post race dans une école d’art ?
Il s’agit de travailler sur le corps comme espace de sa propre célébration, et non pas de travailler sur la célébration du corps. Pourquoi ? Parce que célébrer le corps peut exotiser le corps, voire l’instrumentaliser. Prendre la mesure de cette difficulté, c’est comprendre que la question principale est  simplement et peut-être radicalement : comment peut-on se célébrer soi-même ? Ici, notre environnement est celui de la pédagogie. Ma pratique artistique s’est construite, entre autres, autour de la création d’espaces de réciprocité, de proximité et de confiance - à dessein, je n’emploie pas les termes « safe place », « mixité » ou  « diversité » que je trouve vides de leurs sens. Ces espaces nous permettent d’être proches les un.es des autres. Ce qui ne signifie pas pour autant que nous sommes les mêmes, ni d’accord mais avec respect. Comment être soi-même dans sa singularité en la revendiquant, en s’émancipant, tout en étant avec l’autre, voire en se confrontant à l’autre ? La question est importante. Il est possible de se confronter à l’autre en toute confiance. Par exemple, lorsque je travaille avec un groupe de jeunes, si un jeune écoute du rap sexiste, je le signale au groupe mais je ne lui demande pas d’arrêter d’écouter du rap sexiste. C’est dans cet esprit que j’imagine avec Vinii Revlon & Dale Blackheart, Régine Chopinot, Bekaye Diaby, Vincent Kreyder, Alexandre Paulikevitch, Sara Lindon ou Adriano Razafindrazaka des ateliers de voguing, de danse, de transe, de danse Baladi ou de Fendenkrais, ainsi que des mini-célébration et un salon participatif où chacun.e peut apporter son expertise. Je pense que c’est là précisément dans des manières expérimentales de faire école, d’enseigner l’art, dans la pratique, dans le faire, à la fois dans le champ de l’art et de la société qu’on peut réarticuler les pratiques héritées des institutions européennes existantes.

De manière générale, vous avez l’art des tressages, des communautés éphémères et inclusives en constante métamorphose. D’une certaine manière, vous avez l’art de l’hybridation. Quels en sont les enjeux, les impensées esthétiques et politiques ?
Je parle plus volontiers d’alliage que d’hybridation. A partir de l’incorporation de différents éléments, avec des personnes extrêmement différentes, nous produisons une communauté artistique dotée de qualités autres et propres, éphémère et en constante métamorphose. Si, à l’instar de Baltimore où je travaille beaucoup, Marseille est un modèle de ce genre – une communauté ouverte sur la Méditerranée et le monde, en évolution constante -, ses institutions et ses écoles sont en réalité peu, voire pas inclusives. Contrairement aux États-Unis, ce qui me frappe c’est l’absence de pensée émancipatrice, d’empowerment en France ; pays terriblement institutionnalisé. Les mobilisations récentes du mouvement Blacks Lives Matter aux États-Unis n’ont pas résonné de manière aussi forte en France pour affronter de manière définitive nos impensés. Aujourd’hui, les artistes « non blancs » ont décidé radicalement et emblématiquement de ne plus postuler dans les écoles d’art françaises : « vous attendez de nous qu’on décolonise l’école d’art. Décolonisez-vous d’abord. Nous viendrons enseigner après ». Ce qui crée inévitablement des zones de non mixité. C’est très pervers. Dans le même mouvement, nous contraignons les personnes minorisées à s’organiser entre elles. Et nous leur reprochons d’être communautaristes. Ces quelques raisons rapides expliquent pourquoi en tant qu’artiste « blanc », il me semble important de développer parallèlement des zones de contact où les personnes se confrontent les un.es aux autres autour de pratiques artistiques - y compris dites « amateures » bien qu’expertes - qui racontent des histoires sociales et culturelles, font entendre de nouveaux récits contemporains.

Propos recueillis par Sylvia Botella